Analyses Critiques

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La naissance de l'économie moderne 1750 -1776 : les physiocrates et Adam Smith


La publication par Adam Smith de la Richesse des nations en 1776, est souvent vue comme marquant la naissance de l'économie comme une discipline à part entière[21]. La pensée que transmet ce livre considère la terre, le travail (économie) et le capital comme les trois facteurs de production et les grands contributeurs à la richesse d'une nation. La concomitance entre la période où Smith écrit ses deux grandes œuvres la Théorie des sentiments moraux (1759) et les Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations abrégées en Richesse des nations (1776) avec la période où les physiocrates sont actifs (1756-1777)[Note 6] invite à les traiter ensemble de manière à mieux cerner les proximités et les divergences.

Les physiocrates constituent un groupe de penseurs français du XVIIIe siècle qui ont conçu les premiers l'économie comme un flux circulaire de revenus et de dépenses. Ils croyaient que seule la production agricole pouvait générer un excédent évident par rapport au coût, l'agriculture étant pour de ce fait la base de toute richesse[N 1]. Ils préconisaient le remplacement administrativement coûteux du recouvrement de l'impôt par une taxe unique sur les revenus des propriétaires fonciers. Les variations d'un tel impôt foncier ont été ultérieurement reprises par certains économistes (y compris par Henry George un siècle plus tard) du fait de la relative faiblesse de distorsion de cette source de recettes fiscales. En réaction contre l'abondante réglementation du commerce mercantiliste, les physiocrates préconisaient une politique de « laissez-faire », qui proposait l'intervention minimale du gouvernement dans l'économie[22].

Si Adam Smith ne tient pas l'agriculture comme source de toute richesse, les divergences tiennent aussi à la notion de système (les physiocrates parlent plutôt d'ordre) de liberté naturelle. Si pour Adam Smith la physiocratie est « peut-être la plus pure approximation de la vérité qui n'ait jamais encore été publiée » sur le sujet[23], il lui reproche son dogmatisme. Il accuse Quesnay, médecin chef de file des physiocrates, de s'être fait la même idée du corps politique que celle du corps humain et de croire que le meilleur régime était «  le régime exact de la parfaite liberté et de la parfaite justice ». Il lui reproche, ce faisant, de négliger les efforts faits par les hommes pour corriger et tirer le meilleur parti de systèmes imparfaits[23]. Se posent alors les questions de savoir ce que Smith entend par système de la liberté naturelle et quelle signification il donne à la main invisible. Deux grandes interprétations ont été avancées.

Pour Smith, selon une vision largement répandue, reprise en partie par Friedrich Hayek, l'économie idéale serait un système de marché autorégulateur répondant automatiquement aux besoins économiques de la population, et il décrirait le mécanisme du marché comme une « main invisible » qui conduit tous les individus à poursuivre leurs propres intérêts, afin de produire le plus grand bénéfice pour la société dans son ensemble[Note 7]. John Maynard Keynes[24] remarque que la formule de laissez-faire ne se trouve ni dans les écrits d'Adam Smith ni dans ceux de David Ricardo ou de Thomas Malthus. Pour lui, ce sont celles des vulgarisateurs du XIXe siècle comme Harriet Martineau ou Mrs Marcet, des Easy Lessons for the Use of Young People (1850) ou encore de l'archevêque Whately qui fut le premier professeur d'économie à l'Université d'Oxford (1829). C'est par eux que le dogme est « devenu une maxime de cahier d'écolier »[25]. De même, la plupart des chercheurs ayant travaillé sur l'œuvre d'Adam Smith[Note 8] pensent que cette version ne traduit pas de façon correcte la pensée d'Adam Smith. Même si, entre eux, des différences existent, il est possible de dégager de grands points d'accords. D'une part, comme l'a montré Jacob Viner dans le système de la liberté naturelle de Smith, les pouvoirs publics interviennent beaucoup plus qu'on ne l'imagine usuellement. D'autre part, la main invisible ne signifie pas qu'il y ait automatiquement harmonisation des intérêts, mais que les actes ont des conséquences inattendues, parfois positives, parfois négatives[26]. Enfin, en lien avec la remarque que Smith faisait aux physiocrates, ils estiment que le libéralisme économique de Smith « prône le perfectionnement intentionnel d'un ordre suboptimal non intentionnel » 

Sources: wikipedia



02/10/2010
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